TOMMY EMMANUEL: Accomplice One (2018)
Le champion australien du finger picking sort un nouvel album splendide avec une foule d’invités prestigieux. Nommé « joueur de guitare certifié » (« certified guitar player ») par le grand Chet Atkins lui-même, Tommy Emmanuel prouve que la guitare picking n’est pas réservée aux Américains (comme l’immense Marcel Dadi l’avait fait en son temps). Et en plus, il possède une belle voix. Passer en revue les seize titres qui composent le disque serait trop fastidieux mais on peut se faire une idée assez précise du talent de Tommy avec les temps forts de cette très belle réalisation. D’entrée de jeu, l’excellent picking « Deep river blues » est prétexte à un duo avec Jason Isbell. Juste après, le bluegrass « Song and dance man » voit débarquer Ricky Scaggs avec sa mandoline. La version de « Saturday night shuffle » est très intéressante car interprétée avec un orchestre complet (alors que Merle Travis, Chet Atkins et Marcel Dadi jouaient ce titre seuls en picking). Le guitariste Jorma Kaukonen vient prêter main forte au groupe. « Whellin’ and dealin’ » ravira les fans de country music rapide avec des solos hallucinants de guitare sèche, de six-cordes électrique et de banjo. Le mandoliniste David Grisman et le guitariste acoustique Bryan Sutton (qui a accompagné en studio Hank Williams Junior) croisent le manche avec Tommy sur le jazz-swing « C-jam blues » et sur le blues « Watson blues ». Les trois compères rivalisent de technique mais aussi d’inspiration. Mark Knopfler est sorti de sa retraite pour jouer en duo avec Mister Emmanuel sur une ballade jazzy des années 20 (« You don’t want to get one of those »). Rodney Crowell participe à la fête avec la chanson new country/pop « Looking forward the past ». Et puis Jerry Douglas apporte son dobro pour une étonnante reprise de “Purple Haze” de Jimi Hendrix avec des solos de folie. On a même du mal à réaliser comment un duo acoustique peut dégager autant d’énergie. Mais les autres morceaux débordent aussi de talent, de mélodie et de beauté. Alors, pas d’hésitation ! Voilà l’album acoustique de l’année !
Keep on picking !
Olivier Aubry